Astrid nous partage son parcours en PMA pour devenir aujourd'hui l'heureuse maman de jumeaux.
"Après presque 10 ans de vie commune, l’envie d’être parent pointe le bout de son nez . A peine avais-je arrêté la pilule que je me sentais déjà enceinte .. j’étais loin du compte ... très loin même ...
Après un an sans succès , j’en parle à mon gynécologue . Il n’est pas tracassé « il faut que la machine se mette en route ! Attendons encore 6 mois voire un an ». Impossible pour moi, je sentais bien que quelque chose clochait... Il était en fin de carrière , je me disais qu’il avait peut-être être une vision des choses « à l’ancienne ».
Je change donc de gynécologue et directement il met les choses en place : spermogramme pour monsieur, hystero pour moi. Nous voilà rassurés ! Les choses se mettent enfin en place ! Résultat pour monsieur ; spermatozoïdes peu viables et mauvaise forme...
Janvier 2016, après un peu plus d’un an et demi d’essais infructueux, me voilà à l’hôpital pour l'hystéro. Le gynécologue envoie la première seringue de bleu de contraste très lentement (pour la douleur et parce que, parfois, toute la seringue n’est pas nécessaire) : perméabilité ok mais on se rend compte qu’une trompe est bouchée. Il m’explique qu’il peut la déboucher en envoyant une deuxième seringue de bleu de contraste mais rapidement cette fois-ci. Il me demande si je me sens capable niveau douleur. Je n’hésite pas une seconde, je suis d’accord et je suis persuadée que c’est à cause de ça que je ne suis toujours pas enceinte! Ça n’a duré que quelques secondes mais j’ai hurlé. Soit, je suis certaine que le problème est réglé et que bébé sera bien vite niché dans mon ventre... Le gynécologue m’explique qu’avec la trompe débouchée et les deux bien nettoyées ( et donc adhérence plus facile ), on va laisser trois cycles d’essai naturel si après ça, ça ne marche pas ; stimulation ovarienne... évidement, ça n’a pas fonctionné !
Nous voilà donc parti pour la phase suivante : les câlins programmés! Avril 2016, je commence mon cycle avec un médicament (clomid) les 4 ers jours, le 12ème : injection pour provoquer ovulation et puis câlins le matin et le soir les jours qui suivent... et c’est là que mon corps et notre intimité commencent à plus vraiment nous appartenir ...
Pour la première injection, ça tombe un week-end donc gynécologue de garde et pas le mien... un nouveau (évidemment !) qui avait l’air de découvrir comment faire une écho, qui me dit que les follicules ne sont pas assez matures, qu’il faut revenir dans deux jours (j’apprendrai par la suite qu’il s’est planté et que les deux jours plus tard c’était trop tard en fait...). Quand vient enfin le moment de ma première injection, celle qui, je croyais, allait tout résoudre, il lit la notice car il ne sait pas comment faire .... Bref, sans surprise , ce cycle était un cycle dans l’eau ...
Pour les suivants , on devait à chaque fois réduire la dose de clomid car je répondais beaucoup trop au traitement (ce qui faisait plaisir à mon égo ! J’avais, pour le coup, l’impression d’être super fertile ... juste l’impression ).
Ce fut six cycles sans succès ...
En octobre 2016 commence le parcours FIV et on démarre avec des tests, des questions, de la paperasse,... Après une prise de sang, on se rend compte que j’ai une réserve ovarienne trop basse... Le voilà le nœud du problème. Je sentais bien que quelque chose ne tournait pas rond chez moi... J’étais persuadée d’avoir une endométriose pas détectée ou quelque chose du genre... Chéri culpabilisait , pensait que tout était de sa faute... À présent, on culpabilisait à deux (enfin, je culpabilisais encore plus et j’avais l’impression que là, c’était enfin légitime ).
En février 2017 , la FIV commence enfin. Oui nous, on est VIP, on ne passe pas par la case « insémination artificielle » puisque j’ai des soucis de fertilité...
Mon compagnon faisait les injections dans mon ventre , une façon pour lui de participer, pas facile pour un homme de trouver sa place dans tout ce processus . D’ailleurs, ce qui nous choquait c’est que les médecins s’adressaient très souvent à moi, rarement à lui...
On essayait un maximum de continuer notre vie, sans trop se mettre de pression, ni trop de focaliser sur la FIV, mais pas facile quand il faut faire ses injections ou prendre son spray nasal à des heures bien précises ! Arrive le jour tant attendu : la ponction. Beaucoup de stress, surtout que je n’aime pas les anesthésies générales, je ne supporte pas le sentiment de ne plus avoir le contrôle... j’ai attendu longtemps le gynécologue , l’anesthésiste,... j’en avais marre , j’avais envie de pleurer... c’était long, le stress m’envahissait... pourtant l’infirmière était adorable, il y avait de la musique de relaxation, des lumières au plafond qui changeaient de couleur pour amener à la détente... mais honnêtement c’était un des pires moments pour moi. Et pour couronner le tout, j’avais une horde de stagiaires qui prenaient des notes... mais il faut s’habituer, notre corps ne nous appartient plus... de tout de façon, on n’arrive pas à le faire fonctionner comme il faut alors... Au réveil, on m’annonce qu’on a prélevé neuf ovocytes. Je suis heureuse ; 9 est mon chiffre porte-bonheur, c’est un signe ! Et puis 4 jours s’en suivent à attendre ! C’est long ....pour avoir ce fameux coup de téléphone qui m’annonce que j’ai 2 embryons... de qualité médiocre (ah parce qu’en plus il y a des niveaux de qualité... contente de l’apprendre...). Bref, on se rend quelques jours plus tard au transfert, sans plus aucune motivation... ce fut notre premier échec.
Pour la FIV 2, prévue en juin, on change de traitement, on fait par ICSI et .. si deux embryons on peut les transférer tous les deux. Des jumeaux ? Mon rêve ! Chéri est partant. On nous fait donc signer un papier marquant notre accord. Mon grand-père avait une sœur jumelle, ça m’a toujours intriguée !
Mais notre vie de couple devient compliquée. On vit l’échec différemment ; j’ai besoin d’espace, de ne pas parler, je ne supporte plus qu’on me touche, je déteste mon corps ... lui a besoin d’être rassuré, être pris dans les bras, en parler. Un fossé se creuse. Chéri ne veut pas faire la FIV en juin , il veut qu’on se laisse du temps , il est perdu ...
Le centre PMA est fermé pendant les congés d'été, on en profite pour se retrouver et se reconstruire. On entame la FIV 2 en septembre. Je n’ai plus aucune conviction, j’en ai marre, j’ai l’impression qu’on y arrivera jamais... Je commence quand même de l'acupuncture pour tenter de mettre les chances de notre côté et pour me détendre un peu.
Je suis démoralisée mais je me suis promise de ne jamais me laisser abattre . On n’avance plus vers l’inconnu cette fois-ci, on sait à quoi s’attendre. Les gynécologues ont beau nous expliquer comment cela va se passer, il y a plein de choses qu’on découvre petit à petit lors de la FIV. Je scrutais beaucoup moins ma montre pour l’heure du spray ou de l’injection, je n’avais pas beaucoup de motivation... Le jour de la ponction arrive , gros stress ! Heureusement, cette fois-ci, tout s’enchaîne ! A peine installée sur le siège, je reçois l’anesthésie ; pas le temps de gamberger. Au réveil, on m’annonce qu’on a prélevé 6 ovocytes . 3 en moins que la première fois ... je suis démoralisée. Les infirmières me rassurent mais rien n’y fait ... et puis cet appel quelques jours plus tard qui m’a redonné espoir : 2 embryons... de bonne qualité !! La joie !
Avant le transfert, on va se manger un petit cupcake, on y va détendu, sans pression (enfin on essaie ). Le vendredi 13 octobre 2017, je vais faire ma prise de sang au matin puis je retourne travailler. Je demande à pouvoir téléphoner après 16h quand j’ai quitté ma classe. Mais à 14h , mon gsm sonne, c’est le numéro de l’hôpital. Je ne peux m’empêcher de décrocher « Madame , félicitations ! Vous êtes enceinte ! Vu le taux , un seul des deux embryons s’est accroché ! » Je n’arrivais pas à y croire ! Enfin !! Je peux être enceinte moi aussi !! J’ai essayé de contenir ma joie et garder ça pour moi ... mais mes élèves n’arrêtaient pas de me demander si j’allais bien. Visiblement , je devais avoir une drôle de tête ! Une fois rentrée à la maison, je téléphone à mon chéri qui était en déplacement à l’étranger pour le travail pour lui annoncer la bonne nouvelle .
Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Quelques semaines plus tard, on se rend à la première écho . J’étais en stress, je n’arrivais toujours pas à réaliser. C’était trop beau pour être vrai, qu’est ce qu’il va encore nous tomber sur la tête... je me sens mal. Chéri me dit « je suis certain qu’il y en a deux !» Impossible, les taux de prise de sang ne l’indiquent pas... puis faut pas rêver ! Un, c’est déjà un miracle !
Au moment de l’écho, on voit deux petits embryons... et là je comprends que mon chéri avait raison « et bien félicitations! Ce sont des jumeaux ! » Les larmes coulent : un double miracle ! Trop beau pour être vrai ! Directement, je demande les risques car on appelle ça une « grossesse à risque « et parce que le parcours FIV nous a comme conditionné à ne pas se réjouir trop vite... ces fameuses montagnes russes d’émotions. Les infirmières me rassurent... l’aventure peut enfin commencer !!
Au début, tout se passait bien. Lors d’une écho, on apprend que c’est une fille et un garçon ! Le choix du roi comme on dit ! Tout me paraît trop beau mais toujours ces montagnes russes qui ne me quittent pas ! Je me dis qu’on va les perdre , qu’il va y avoir un souci ...
Puis, la grossesse fut plus compliquée. J’ai eu des contractions à partir du cinquième mois qui modifiaient mon col. J’ai donc du rester alitée tout le reste de ma grossesse et j’ai fait quelques hospitalisations. Mais on a tenu bon tous les 4, comme toujours ! Finalement, on a dû me provoquer à 38 SA. L’Accouchement est super bien passé, les jumeaux n’ont pas dû faire de néonat. Ils sont en bonne santé, tout va bien. Aujourd’hui, ils ont deux ans et demi et même si c’est sportif, jamais je n’oublie d’où on vient, ce qu’on a traversé. Finalement , je n’échangerai ce parcours pour rien au monde car certains jours où je suis sur les rotules, ça me rappelle la chance que j’ai d’avoir mes deux bébés auprès de moi en bonne santé.
Ces années ont été compliquées. On se sentait à part, incompris. Elles ont mis notre couple à rude épreuve.
On avait l’impression de faire pitié parfois...
Quand des proches à nous annonçaient qu’ils allaient être parents, on sentait le malaise dans leurs yeux. Je culpabilisais car c’était censé être un moment heureux pour eux. On faisait bonne figure puis une fois rentré, c’étaient les larmes, la déprime parfois pendant quelques jours. On était heureux pour les autres mais on se demandait ce qu’on avait bien pu faire pour ne pas y avoir droit à ce bonheur... pourquoi nous ? Tout nous renvoyait à cet échec, ce manque. Tout faisait tourner et retourner le couteau dans la plaie.
On était si bien entouré mais on se sentait si seuls et incompris . Peu de personnes autour de nous vivaient ça. J’ai acheté des livres traitant sur le sujet, j’ai lu des témoignages, ... c’était ma manière à moi de me sentir comprise, de me rassurer : nous ne sommes pas les seuls. A mon tour donc de vous livrer mon témoignage qui sera, je l’espère, une source d’espoir. Il ne faut jamais rien lâcher, même quand tout semble perdu.
Je voulais partager aussi mon histoire car j’aimerais que les problèmes de fertilité, la PMA ne soient plus un sujet tabou. Lors de notre parcours , on ne s’en est jamais caché. Ça ne devrait pas être une honte, on n’en pouvait rien... Nos familles, amis, collègues étaient au courant, il n’y avait pas de gêne avec ça... et il ne devrait jamais y en avoir ! C’est déjà bien assez douloureux comme ça !"
Merci à Astrid d'avoir accepté de partager avec nous son témoignage et quel bonheur de lire qu'elle est maman.
Vous n'êtes pas seul.e! Je vous souhaite de tout mon cœur que votre bébé miracle s'installe bientôt!
Si vous souhaitez devenir actrice de votre fertilité, je vous invite à cliquer ici.
Si vous aussi vous souhaitez partager votre parcours, n'hésitez pas à me contacter via la rubrique contact.
Comments