Aujourd'hui c'est Sabrina qui nous raconte son parcours PMA. Elle est aujourd'hui l'heureuse maman d'une petite fille de 2 ans et songe à agrandir la famille.
"Je voudrais commencer mon témoignage par quelques lignes que j'ai écrites il y a 3 ans (le 30 mai 2017) : 333 jours... Et j'ai croisé 4 femmes enceintes et 2 bébés en bas âge en allant m'acheter des bas nylons. Je me dis qu'au final je vais m'y faire mais comment peut-on s'habituer à souffrir comme cela ? Comment fait-on pour ne rien ressentir alors même que son cœur s'arrête de battre ? Comment faire pour ne rien laisser paraître alors qu'on a le souffle coupé ? Alors j'ai pleuré. Mes larmes ont coulé le long de mes joues pour mourir aux coins de mes lèvres, elles étaient si salées. Alors j'ai encore pleuré. Mon souffle s'est coupé, me faisant mal à en crever mais j'ai continué à respirer. Alors j'ai continué à pleurer. Mon cœur battait la chamade et j'ai crié, hurlé toute cette douleur. Alors seulement, vide de toute énergie et de toute émotion, mais vivante, je me suis endormie.
Avec mon compagnon, ça fait 13 ans qu'on est ensemble et nous avons l'immense chance d'avoir une magnifique petite fille de bientôt 2 ans. On mesure tous les jours l'immense chance qu'on a de pouvoir la serrer dans nos bras mais la vie n'a pas toujours été si douce et insouciante.
On a toujours plus ou moins su qu'on voulait des enfants "un jour" mais sans rien de bien concret, sans faire de plan, sans vraiment en parler.
Un jour de novembre 2015, j'avais un rendez-vous de routine chez le gynéco. On fait le point sur mes traitements en cours et je lui dis que je suis sous methotrexate pour mon psoriasis. On parle un peu de ce médicament, qui est une vraie crasse, et avec lequel toute grossesse est formellement interdite (son but étant de réduire la croissance cellulaire). Mon gynéco veut donc s'assurer que je prends bien scrupuleusement ma pilule et me dit que, le moment venu, je devrais arrêter ma pilule 6 mois après l'arrêt de ce traitement et surtout pas 1 mois comme l'avais évoqué mon dermato (ça m'a mise hors de moi d'apprendre ça, je ne l'ai pas super bien vécu : un mois ce n'était rien mais une demi-année, c'était autre chose). Ça m'a fait un électrochoc. Je venais d'avoir 26 ans, mon compagnon allait sur ses 34. Le temps d'arrêter le médoc puis ma pilule, en partant du principe que je tombais enceinte rapidement, je ne tiendrai pas mon bébé dans les bras à mes 27 ans. Et si ça ne marchait pas tout de suite ???
Il nous a fallu 2 mois pour nous décider d'arrêter le médoc et j'en ai profité pour lire beaucoup au sujet de la conception, du cycle, de l'ovulation, du système reproducteur féminin et masculin,... J'ai vraiment lu beaucoup, beaucoup, beaucoup.
Puis est arrivé le 1er juillet 2017, le moment idéal pour arrêter la pilule ! Je me sentais si vivante, puissante, heureusement et soulagée de pouvoir enfin arrêter cette maudite pilule ! Je ne doutais pas un seul instant que la vie allait bien vite nous sourire.
Vers août, j'ai été voir une nouvelle gynéco pour une visite préconceptionnelle. Tout était ok de mon côté même si pas immunisée contre le CMV et la toxoplasmose, elle m'a simplement dit de revenir la voir si dans 9 mois bébé n'était toujours pas là. J'étais à C2, même si j'avais été très déçue que ça n'ait pas marché du premier coup, impossible de me dire que dans les neufs prochains mois, je ne serais pas enceinte !
J'avais déjà dû attendre 6-8 très longs mois avant de pouvoir arrêter ma pilule, aucune raison de devoir attendre plus ! Autour de moi, une belle-sœur était tombée enceinte sans le vouloir après un oubli de préservatif, une collègue était tombée enceinte à C1 et une autre à C2, alors qu'elles avaient décidé d'arrêter leur pilule un peu sur un coup de tête. C'était donc évident que ça allait bientôt être notre cas ! Je trouvais déjà ces 6 mois d'attente injustes et interminables ! Je prenais ma température pour faire une courbe "au cas où", j'étais à l'affût du moindre signe d'ovulation ou de grossesse.
Première déception, deuxième déception, troisième déception. Assez vite ça m'a très fort pesé je ne pensais plus qu'à ça, jour et nuit, je ne vivais plus que pour être enceinte et devenir maman. Je trouvais ça super injuste parce que j'avais "tout fait comme il fallait", je prenais déjà mes vitamines tous les jours, mon acide folique bien comme il fallait, ... C'était une période difficile dans notre couple parce que je mettais beaucoup de pression sur mon chéri, à râler quand on n'avait pas de rapport au bon moment, ...
J'ai fêté mes 27 ans et toujours aucune trace de bébé. Je m'interdisais de boire ou de manger du filet américain ou autre quand j'étais en phase lutéale, juste au cas où... Mille fois je me suis faite des films, de faux espoirs, de faux symptômes, tests de grossesse négatifs sur tests négatifs. J'avais toujours l'impression que mon chéri n'y mettait pas du sien voir faisait exprès d'avoir plus de rendez-vous les soirs durant ma période fertile.
Vers novembre, j'ai été voir une sage-femme spécialisée en préconceptionel parce que j'avais besoin de faire le point et d'en parler. Le fait qu'il fume la cigarette et de temps en temps le joint ne jouait pas en sa faveur. La sage-femme a proposé d'en parler à ma gynéco et voir si elle voulait bien prescrire un spermogramme "au cas où". Ça ne fait pas encore 6 mois que j'avais arrêté ma pilule mais j'étais déjà persuadée que quelque chose n'allait pas et j'étais certaine que c'était du côté de mon chéri.
En décembre, la gynéco accepte de prescrire le spermogramme pour ne pas perdre de temps : puisque les cycles sont ultra réguliers et que tout semble être ok aux échos et pds, si le souci vient simplement de mon chéri ce serait dommage d'attendre plus longtemps pour rien (et puis, il n'y avait pas que moi dans ce projet de grossesse et j'avais déjà été 3 fois chez le gynéco en 1 an, mon chéri pouvait bien faire un petit examen aussi, dixit la SF). En plus, étant plus jeune, il a eu très fort les oreillons et ça avait été très mal soigné. Je savais que ça pouvait avoir un impact, ce qui a encore plus conforté la gynéco dans sa décision de faire un spermogramme "si tôt".
Il a fait le spermogramme début janvier. Je m'en souviens encore parce qu'il avait neigé et j'avais peur que ces spermatozoïdes aient froid (j'avais même mis le pot dans mon soutien-gorge pour qu’ils n’aient pas froid, LOL).
Je me préparais pour sortir "en boîte" avec les deux meilleures amies quand la gynéco m’a appelée pour donner les résultats : "Ce n'est pas génial mais ce n'est pas catastrophique. Il vaut mieux prendre rdv avec la PMA pour ne pas perdre plus de temps, parce que les rdv peuvent être longs à avoir. En attendant, il faut refaire un spermogramme". Le choc. J'ai demandé à mon compagnon qu'il réclame une copie de l'analyse. Impossible pour moi de rester là, sans rien faire, à attendre. Il fallait que je regarde les chiffres, que je les compare, que je les analyse, que je prépare un plan d'attaque. Il me fallait surtout un diagnostic. Mon compagnon l'a plutôt bien pris. Mais moi je devais voir plus loin, je ne pourrai pas attendre comme ça, sans trop en savoir en fait.
Quand on a eu les résultats d'analyse, je suis tombé de haut. Les chiffres n'étaient pas du tout aussi rassurants que ma gynéco mais surtout, il était écrit noir sur blanc : oligo-asthéno-tératospermie : 9,75 millions de spermatozoïdes / ml (bien inférieur aux 15 millions minimum), 68% de morts, 98% de forme atypique. Ce que je redoutais le plus OATS sévère. Pas besoin d'être une spécialiste de la PMA, une seule issue : une FIV, ICSI qui plus est.
Deux mois plus tard, résultats du second spermogramme... encore pire que le premier : seulement 6,14 millions/ml, 65% de morts et 99% de forme atypique. Aucune chance de concevoir naturellement.
Arrive le premier rdv en PMA. J'y suis allée avec tellement d'espoir et j'en suis ressortie avec tellement de colère. Ce rdv n'a servi à rien. On l'a attendu pendant 4 mois et... rien. J'étais hors de moi. L'assistante de la gynéco s'est limite moquée de nous parce que ça ne faisait même pas 1 an que j'avais arrêté ma pilule, seulement 9 ou 10 mois, qu'il y a des couples qui attendent des années avant de consulter, que je devais lâcher prise, me détendre, ... Mais qui était-elle pour me dire toutes ces horreurs alors que sur papier la preuve était faite qu'on ne pouvait pas avoir d'enfants naturellement ? Ça a vraiment été horrible, la pire expérience de toute la PMA. On avait fait les spermogrammes dans un autre labo qu'à l'hôpital parce qu'on connait une biologiste qui travaille en PMA et on ne voulait pas que les gens soient au courant. Alors on les a faits dans un autre hôpital, ce qui n'a pas plu visiblement.
Malgré les résultats, pas question pour la gynéco de faire quoi que ce soit, d'envisager un plan ou de parler de la suite des examens : mon chéri devait refaire un spermogramme chez eux et avec un temps de survie (que ma gynéco n'avait pas demandé). Quand on a eu les résultats, c'était encore pire : le TMS n'a même pas pu être fait. J'étais au bout de ma vie, parce que tout ça... je le savais déjà. Elles n'avaient rien fait d'autre que nous faire perdre du temps. En plus d'être en colère contre la vie et les femmes enceintes, j'étais verte de rage d'avoir si peu été écoutée et entendue. Qui plus est dans un service consacré aux désirs d'enfant qui ne se concrétisent pas.
Et je ne parle même pas du fait que le service PMA est juste entre le couloir de la maternité et le couloir des grossesses à risques. J'y ai croisé un nombre incalculable de femmes qui remontaient en chambre après leur accouchement ou leur famille qui les attendaient sur les chaises réservées à ceux qui ne peuvent pas avoir d'enfant. Une fois, j'ai même croisé une fille avec qui j'étais à l'ecole... qui signait les papiers de sorties avec son 4e enfant sous le bras. Honnêtement ? J'aurai préféré que ce service soit à côté de la morgue, ça m'aurait fait moins de mal. On aurait croisé des gens qui pleuraient aussi, parce qu'ils venaient de perdre un proche et nous parce que nos espoirs disparaissaient un peu plus à chaque fois.
Le second rdv a permis de confirmer la FIV ICSI et de prescrire tous les examens. Voir si les trompes étaient bouchées ou non (mais quel est l'intérêt de faire cet examen alors qu'on n'a absolument pas besoin des trompes dans une FIV ICSI ? La seule réponse plausible que j'ai pu trouver : pour faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'hôpital). Et une prise de sang génétique pour voir si on était porteur de maladies génétiques graves.
J'ai aussi eu beaucoup de mal à accepter que les résultats allaient mettre au moins 2 mois à arriver. J'ai eu beaucoup de mal à l'accepter parce que si la gynéco avait pris la peine de regarder les deux premiers spermogrammes, on aurait déjà pu faire cette prise de sang et ces examens.
Entre temps, j'ai fait l'examen pour les trompes (pas le douloureux, celui à 50 balles qui n'est pas remboursé mais qui est indolore) et une écho durant mes règles (chouette !) qui a révélé un endomètre trop épais pour le stade du cycle. J'ai donc eu droit à une hysteroscopie sans anesthésie... c'était tout bonnement une violence gynécologique (pratiquée par notre référente en PMA, celle avec laquelle le premier rdv c'est si mal passé).
Quand la sage-femme est venue me chercher dans la salle d'attente, j'ai demandé que mon compagnon m'accompagne (je savais que ça n'allait pas être agréable). Elle nous a gentiment dit qu'elle viendrait chercher monsieur quand je serais installée et m'a indiqué où je pouvais me déshabiller. Quand je me suis installée, la sage-femme est sortie de mon champ de vision et la gynéco a commencé à m'expliquer l'examen. Mon compagnon n'ayant pas été appelé par la sage-femme, j'ai passé l'examen seule, à crever de mal sur cette chaise parce que la gynéco ne m'a pas dit de prendre un antidouleur avant et qu'une caméra d'environs 5 mm de diamètre est passée par mon col de l'utérus qui n'avait jamais été ouvert jusque-là. Et pour couronner le tout, l'hôpital m'a facturé la serviette hygiénique que la charmante sage-femme m'a tendue après l'intervention (c'est pas comme si j'avais eu le choix de prendre celle-là plutôt qu'une de celle qui étaient dans mon sac à main...).
Pendant ce temps-là, j'avais beaucoup de mal à me concentrer au boulot, je n'avais pas vraiment de loisir (autre que lire des bouquins sur la PMA, des blogs sur la PMA, des forums sur la PMA, ...), j'ai commencé le yoga et la sophrologie.
C'est plus ou moins à cette période qu'on en a parlé à nos proches (même si certains le savaient déjà). Dans le tas, j'ai aussi appris la seconde grossesse d'une collègue avec laquelle je travaille en étroite collaboration, tous les jours, dans le même open space, aucune échappatoire possible. Encore enceinte à C2. Cette même collègue qui m'a un jour dit qu'elle comprenait très bien pourquoi j'avais craqué et recommencé à fumer (alors que j'avais déjà arrêté 1 an avant l'arrêt de ma pilule). Elle comprenait très bien parce que quand elle a appris, la première fois, qu'elle n'était pas enceinte, ça lui a fait un tel choque qu'elle a recommencé à fumer... Est-ce que j'ai déjà dit qu'elle était tombée deux fois enceinte à C2 ? Je devais en être à C8 ou C10 à ce moment-là...
On avait décidé de placer le rdv suivant 10 semaines après la prise de sang génétique pour être certains d'avoir tous les résultats. C'est comme ça qu'est arrivé juillet 2017. Un an après l'arrêt de ma pilule, les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer. Ça faisait un an donc on allait forcément nous prendre au sérieux ! Et ce fut le cas : confirmation que tout était ok de mon côté, RAS à la prise de sang génétique et FIV ICSI envisagée (5 mois... Ça faisait 5 mois que je savais que c'était une FIV ICSI et c'est seulement à ce moment-là que la gynéco a semblé le comprendre !).
On est repartis avec nos prescription sous le bras, sauf que le centre PMA ferme une partie de l'été. On a donc encore dû attendre un mois pour commencer les choses sérieuses.
Pendant mes règles suivantes, j'ai dû reprendre la pilule, non sans un pincement au cœur (tout ça pour ça ?), afin de pouvoir caler mon cycle avec la PMA. J'ai commencé les injections fin août 2017. Comme tout allait bien de mon côté, stimulation faible et courte. Ça a été, pour moi, la partie la plus simple et la plus gaie de la PMA. Oui, gaie, je sais... c'est étrange mais je me sentais bien, on était dans l'action, on touchait notre rêve du bout des doigts. C'était juste des piqûres à faire, rien de sorcier, rien de méchant. J'ai voulu les faire moi-même parce qu'il y avait déjà bien assez de monde impliqué dans cette conception, pas besoin d'en rajouter ! Une piqûre par jour, puis deux et des échos régulièrement avant d'aller bosser.
Arrive le vendredi 1er septembre, c'était un vendredi, l'un des pires jours de ma vie. Dernière écho. J'apprends qu'il n'y aura pas de transfert d’embryon suivant la ponction à cause du risque élevé d'hyperstimulation (une histoire comme une trentaine de follicules à l'écho). Je n’encaisse pas vraiment le coup, je suis sous le choc.
A la sortie de l'hôpital, je croise une veille amie que je n'avais plus vu depuis des années. Je vois qu'elle n'a pas l'air bien, assez vite je comprends qu'elle est stone et au grain de sa peau, je comprends que c'est une drogue dure. Elle m'explique qu'elle a accouché la veille mais qu'elle est rentrée chez elle voir son compagnon et que toutes les sages-femmes de l'hôpital sont à sa recherche. Je comprends qu'elle est partie en pleine nuit, laissant son fils seul dans la chambre de l'hôpital. Chienne de vie, ne pouvais-tu pas m'épargner ça ? A quelques secondes près cette rencontre n'aurait pas eu lieu. J'ai mis tout le weekend à m'en remettre.
Pour le déclenchement, l'aiguille était nettement plus grosse que les autres, c'est mon chéri qui a dû la faire. Le lundi, la ponction a lieu sous sédation générale car il y a trop de follicules. Cela fait 7 ans que ma grand-mère adorée est décédée, dans le même hôpital, j'y vois un signe. En soi, la ponction se passe bien même si j'ai eu l'impression d'attendre une éternité les jambes écartées en attendant que la gynéco arrive. Notre amie biologiste vient même me faire un coucou dans le bloc pour me rassurer. Quand je ressors, j'ai froid, je n'arrête pas de trembler mais tout va bien. Je rejoins mon chéri et on attend des nouvelles dans le service des hospitalisations d'un jour. 22 follicules sont prélevés et 18 micro-injectés. On peut ressortir mais je suis arrêtée le reste de la semaine pour l'hypersrimulation. Interdiction de faire du sport, à la limite de la marche mais rien de plus : mes ovaires ont la taille de deux gros pamplemousses, en cas de doute, direction les urgences pour écarter une torsion ovarienne.
La semaine se passe bien mais j'ai terriblement mal au ventre, à cause de l'eau dans l'abdomen, autour des poumons ou un truc comme ça. Je me retrouve deux fois à terre à me tordre de douleur parce mon chéri me fait rire. Je marche courbée comme une petite vieille.
On a eu des nouvelles en milieu de semaine : 12 embryons sont toujours dans la course ; et fin de semaine : 7 embryons de 5 jours sont congelés, conservés dans de l'azote liquide à moins 196⁰. L'espoir de toute notre vie. Parmi eux, se trouve, on l'espère notre bébé. J'ai un peu de mal à accepter qu'ils soient loin de moi. On ne devrait pas être séparé et encore moins comme ça. Mon bébé devrait être au creux de mon ventre mais non... Il faut attendre le cycle prochain.
Au rdv suivant... J'apprends que le TEC n'est prévu que le mois suivant, j'en pleure toutes les larmes de mon corps, je téléphone au bureau pour prévenir que je n'y retournerai pas ce jour-là. C'était un vendredi et on est allés manger un hamburger pour faire passer la pilule. J'ai dû mal à m'en remettre. On est en octobre et on va devoir attendre novembre.
Novembre arrive avec une lenteur incroyable. J1 arrive et on peut enfin caler tous les rdvs pour le premier TEC. Après une écho, je vais même faire un tour dans un parc d’attraction pour décompresser et "parce que c'est maintenant ou jamais".
Le TEC est planifié pour le lundi 13 novembre à 10h. Je stresse, je n'en peux plus, le temps est interminable. Puis vient le moment du transfert, dans le même bloc que pour la ponction. Mon chéri est là, ça va aller. La biologiste arrive avec la canule et nous dit que l'embryon à super bien tenu la décongélation, on a d'ailleurs les mêmes chances que si c'était un embryon frais. La gynéco nous montre les petites bulles d'air au fond de mon utérus et nous dit que l'embryon est exactement là où il doit être.
Ça y est, les dés sont jetés. C'est enfin notre première vraie chance d'avoir un bébé.
Je profite de la semaine de congé que j'ai placée à ce moment-là. Je reste dans le divan, je me repose, je regarde la télé, je lis, je profite de notre chat, je mange des avocats et des ananas parce que j'ai lu que ça pouvait aider un embryon à s'implanter (au point où l’on en est...).
Le samedi suivant, je m'autorise une première sortie, pour choisir une robe de mariée pour ma meilleure amie.
Je reprends une semaine de boulot, où, comme d'habitude, je fais plus semblant de travailler qu'autre chose. On doit attendre le lundi 27 pour une pds...
Le samedi précédent, je fais un malaise au magasin : il faisait trop chaud et j'ai été prise d'une énorme bouffée de chaleur, mon chéri doit me soutenir. J'ai parfois ça, mais là c'était plus fort.
Le lendemain, je décide de faire un test. Contrairement à toutes les autres fois, deux barres sont apparues. J'étais abasourdie. Même pas la plus heureuse du monde, non, juste sous le choc. J'en ai fait 3 autres, juste pour être certaine. Je l'ai dit à mon chéri qui dormait encore à moitié, j'ai pleuré et je me suis rendormie dans ses bras. La pds du lendemain confirme un taux à 2.641 ui (un des nombreux "détails" que je n'oublie pas).
On a vécu plusieurs jours magnifiques, vraiment sur un nuage. Puis les nausées sont arrivées et un autre cauchemar a commencé. Un mauvais rêve qui en chasse un autre mais celui-ci avait un avantage : c'était pour la bonne cause, je n'allais quand même pas me plaindre ! J'ai perdu 4-5 kg et j'ai été arrêtée 4 mois. Au début, j'ai même dormi 20 ou 22 heures par jour, dans mon divan, les rideaux fermés, sans bruit. J'ai vomi, vomi, vomi partout et tout le temps. Je ne mangeais que des tartines rôties avec du beurre. C'était compliqué mais c'est passé.
Le reste de ma grossesse s'est bien passé. Je voulais un accouchement naturel, physiologique et sans péridurale donc on a fait beaucoup de cours de préparation à la naissance (c'était même un peu trop, comme à chaque fois finalement).
Tout allait bien dans le meilleur des mondes, c'était une petite fille.
Puis est arrivé le 8e mois. Je vais la faire la plus courte possible, parce que ce n'est pas le sujet mais c'est tout de même important d'en toucher un mot. Le dimanche 1er juillet, j'ai commencé à avoir mal sous l'omoplate droite. Ça passait avec du Dafalgan 1g mais ça revenait quelques heures après. Le mercredi un collègue me conduit aux urgences parce que je ne vais pas bien. RAS au monito mais un peu de tension. Les résultats de la pds ne montre rien, je peux rentrer chez moi, ça doit être des contractions.
Je dois passer au service des grossesses à risques le vendredi pour un contrôle. Le jeudi je demande à mon médecin de m'arrêter le reste de la semaine. J'ai toujours extrêmement mal au dos mais la kiné ne sent rien. Le vendredi je n'ai plus mal, pas de tension, monito nickel (il capte une contradiction que je sens à peine) mais un peu de protéines dans les urines. On attend les derniers résultats de pds mais je peux rentrer, on m'appelle s'il y a un souci.
Le samedi ça va, je vais chercher les derniers trucs pour la valise, que je me décide enfin à finir. Durant la nuit du samedi au dimanche, la douleur revient mais en s'empirant. Je téléphone même aux urgences et à la maternité, deux fois. On me dit qu'à part faire un monito, ils ne feront rien d'autre. À ce stade, je préfère crever de mal chez moi. Je prends plusieurs bains chauds, les Dafalgan soulagent à peine quelques minutes. Je vomis même de douleur. On décide aller chez la cousine de mon compagnon qui est kiné, parce qu'on pense que c'est musculaire. Je dis à mon chéri de prendre la valise pour la maternité, au cas où. Sa cousine ne sent rien, je fais un malaise et mon chéri décide de me conduire aux urgences.
Quand on est arrivé, une sage-femme s'est directement occupée de nous. J'avais déjà beaucoup vomi et j'étais déshydratée. Elles étaient à deux pour essayer de me poser une perfusion, elles ont piqué un nombre incalculable de fois et elles commencent à paniquer.
Environs 1h30 après notre arrivée, le verdict tombe : je fais une pré éclampsie sévère avec HELLP syndrom. Notre fille doit naître au plus vite pour me sauver la vie. À 36sa+5, elle est tout à fait viable, il faut donc y aller au plus vite : césarienne en urgence pour sauvetage maternel (un déclenchement prendrait trop de temps et je n'en avais pas, de toute manière je n'avais plus l'énergie).
Je n'avais qu'une seule question : est-ce que ma fille pourra remonter avec nous en chambre ? Il n'y a que le pédiatre qui pourra répondre à ça, après sa naissance. Je demande à mon compagnon de me promettre de rester à ses côtés, de lui parler,... Je n'avais que ça en tête.
L'anesthésiste arrive un peu moins d'1h après le diagnostic. A 14h notre magnifique Emilie est née, je l'ai vu quelques secondes avant que le pédiatre ne l'ausculte. Elle pleurait à pleins poumons et je n'arrêtais pas de me dire "Si elle pleure c'est qu'elle est vivante". J'ai pleuré quand la SF m'a dit qu'elle pourrait remonter avec moi en chambre.
J'ai pu la rejoindre 40 minutes après sa naissance, pour un premier peau-à-peau et la première tétée. Mon pronostic vital n'a plus été engagé au 4e jour. Et on est sorti le 5e jour. Son test de Guthrie est revenu positif pour une maladie métabolique... On a même été jusqu'à Liège voir LE spécialiste wallon. On a cru mourir. Même mon médecin généraliste n'avait entendu parler de cette maladie. Heureusement, c'était juste 2 ou 3 faux positifs, lui épargnant une vie très compliquée.
Emilie aura 2 ans le 8 juillet. C'est une petite fille incroyable, l'amour de ma vie. Je l'ai tant attendue et espérée mais jamais je n'aurai pu rêver d'une petite fille si parfaite à mes yeux. Elle est toujours allaitée et en cododo. On essaye d'être les plus bienveillants possible.
Toutes ces épreuves ont fait de moi une meilleure mère que si je n'étais pas passée par là. Ça a été long, ça a été dur. On a nettement plus pleuré que ri mais ça en valait tellement la peine. La question de bébé2 commence doucement à faire son chemin dans mon cœur mais mon chéri ne veut pas d'un second enfant.
Il a trop peur, il ne veut plus me faire subir ça, il ne veut pas risquer de me perdre une nouvelle fois. On a décidé de ne pas réprendre de contraception. Donc, pour le moment, advienne que pourra. C9 actuellement en cours. Notre fille est arrivée à C16 mais grâce à un TEC. On verra à C16 (ou plus, ou moins), si bébé2 est en route (par miracle faut bien le dire) ou non, si la situation me / nous convient toujours ou non.
La PMA m'a appris que c'était un pas à la fois, un jour après l'autre et que tout arrive toujours pour une bonne raison. Je me rends compte de la chance énorme que nous avons eu durant tout ce parcours. La chance, oui. La chance d'avoir une magnifique petite fille, la chance qu'elle soit en bonne santé, la chance d'être vivants tout simplement. Je n'aurais jamais pensé éprouver un tel sentiment de gratitude pour ce parcours qui m'a fait grandir et qui m'a rendue plus vivante que jamais. Au début de notre parcours, je me suis dit que la PMA ne pourrait définir ma vie, que je serais plus forte que ça et qu'on en sortirait grandis. J'étais loin de m'imaginer que ça allait bouleverser ma vie à ce point mais pour le meilleur. Un seul mot d'ordre : la résilience."
Merci à Sabrina d'avoir accepté de partager avec nous son témoignage et quel bonheur de lire qu'elle est maman d'une adorable petite Emilie!
Vous n'êtes pas seul.e! Je vous souhaite de tout mon cœur que votre bébé miracle s'installe bientôt!
Si vous aussi vous souhaitez partager votre parcours, n'hésitez pas à me contacter via la rubrique contact.
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