Théa nous partage son parcours en PMA. Avec une réserve ovarienne faible, elle a eu recours à la FIV pour être aujourd'hui maman.
"Arrêt de la contraception en octobre 2017. Le début d'une longue aventure...
Le 6 juillet 2018,
Ce jour-là j'ai compris pourquoi je n'arrivais pas à tomber enceinte. Ce chiffre qui m'a filé un coup au cœur. AMH 0,6. Je n'avais alors aucune idée de ce que c'était. En allant sur Internet, j'y ai vu plus clair et j'ai eu très peur. J'avais toujours senti que je ne serais pas enceinte, que ça ne m'arriverait pas. Je n'étais pas folle. Il y avait bien un problème chez moi : ma réserve ovarienne était très basse. Mon gynéco nous a orientés vers un spécialiste de l'infertilité, en nous avouant qu'avoir un enfant naturellement était peu probable d'arriver et que surtout, même avec une aide de la science, il ne fallait pas traîner.
Le 29 janvier 2019, C'est le jour où nous avons eu notre tout premier RDV infertilité. On l'attendait avec impatience et avec un fond d'anxiété, il faut l'avouer. Le gynéco nous a fait bonne impression. Nous sommes ressortis avec les mêmes certitudes que l'on avait déjà : le temps nous était compté. À la différence que cette fois-ci, nous avions en nous une bonne dose d'espoir et des spécialistes à nos côtés.
Février 2019,
Le 14 février 2019, on commence les examens, dont l'écho à J3 du cycle pour le Comptage des Follicules Antraux.
Cet examen m'a beaucoup stressée. Vu mon taux AMH, j'avais peur de n'avoir aucun follicule. J'avais peur qu'on me refuse la FIV et que tout s'arrête là. Mais au final, mes 11 follicules ont semblé satisfaire mon gynéco, qui était plutôt rassuré par ce chiffre compte tenu de mon AMH. Le soulagement en sortant du cabinet était juste immense. Une étape de plus franchie. Une étape de moins devant nous.
Les rendez-vous s'enchaînent assez rapidement, ce qui me va car je suis extrêmement impatiente. Le 20, j'ai passé mon hystérosalpingographie. Étape inévitable. L'examen s'est très bien passé grâce à la douceur du radiologue qui m'a mise sous hypnose médicale. Le résultat de la radio a été très encourageant. Tout va bien. On avance.
Le 26 février 2019,
Double rendez-vous. D'abord le spermogramme, puis la rencontre avec le biologiste. L'entretien se déroule très bien, entre professionnalisme, confiance et humour. On est détendu. Il nous pose beaucoup de questions et nous aussi. Il met en garde mon homme sur les risques de son métier concernant la qualité de ses spermatozoïdes, mais nous sommes rassurés par les résultats qui arrivent 30 minutes plus tard. De mon côté, il me conseille de diminuer ma consommation de yaourts et l'intensité de mes entraînements sportifs : 2 yaourts/jour et 4 heures de sport/semaine maximum à partir de maintenant.
Pour lui, tous les feux sont au vert pour se lancer dans une FIV ICSI. Il accepte également le transfert de 2 (éventuels) embryons, ma morphologie me le permettant. On ressort du centre soulagés, émus et pleins d'espoir. C'est bon, on va pouvoir commencer.
Le 10 mars 2019,
Première injection de Bemfola. Mon homme me fait la première, puis je prends le relais pour les autres car c'est finalement simple et sans douleur. C'est parti pour 6 jours avec injection quotidienne à 20h. Prochaine étape : écho de contrôle à S6, pour donner le feu vert à l'injection d'Orgalutran jusqu'à S9. Patience et courage.
Mars 2019,
Les montagnes russes. Je pense que ça résume bien un parcours PMA. Le passage de l'espoir, de l'optimisme à l'angoisse et au découragement est assez incroyable. Nous n'en sommes qu'au tout début et déjà je comprends pourquoi l'on parle de 'parcours du combattant', physiquement et surtout psychologiquement. Souvent, je me dis que m**de pourquoi ça nous tombe dessus, pourquoi quelque chose de naturel et simple pour la plupart devient une véritable course d'obstacles pour nous ? Les questions et les doutes rongent notre quotidien. Et c'est pas facile de vivre avec ça. Mais il faut s'accrocher, pas vrai ?
Le 15 mars 2019, Écho et pds S6. Est-ce que je réagis bien au traitement? Après 1h de retard (décidément la PMA nous force à repousser les limites de notre patience), la gynéco- que je ne connais pas car le mien est absent-me reçoit dans son bureau. Elle regarde mes résultats de prise de sang sans rien dire et m'envoie me déshabiller pour l'écho. Je m'installe sur la table d'examen et elle me tend un carnet et un stylo pour que je note ce qu'elle voit à l'écran. Sur ce calepin, je vois plein de chiffres. Vraiment beaucoup. C'est les follicules notés par les patientes précédentes. Ça me fait flipper car avec ma réserve de mamie, je sais que je n'aurai pas un quart de ce qu'elles ont listé. La gynéco commence et je note. On en a 9 en tout, seulement 9, allant de 7 à 15 mm. Elle ne dit rien. Juste que mon endomètre de 9 mm est "magnifique". Merci, vraiment c'est sympa. Je me rhabille et retourne à son bureau, où elle note tout dans mon dossier. Sans un mot. Alors, je décide de lui poser des questions. "Est-ce que l'écho et la prise de sang sont bien ?" "Bah on va dire qu'on a 5 follicules corrects. Et l'œstradiol à 706 c'est pas mal" "C'est satisfaisant comme résultat pour une AMH comme la mienne ?" "Bah j'en sais rien, c'est combien votre AMH ? " (tu n'avais donc pas du tout regardé mon dossier Madame) "0,6" "Oui bah c'est pas si mal. Allez on commence Orgalutran ce soir. Au revoir". Ce jour-là, j'ai compris qu'on était que des numéros pour eux. Eux qui voient des quinzaines de personnes comme nous par jour. Savent-ils seulement tout l'impact que leur attitude et leurs mots ont sur nous, nous qui mettons tant d'espoir et de confiance en eux ?
Le 9 mars 2019,
Retour en arrière sur mon parcours. C'est le jour où nous avons annoncé à ma famille que nous entamions un processus de FIV. J'ai ressenti le besoin de leur dire, bien qu'au début je voulais que ça reste secret pour ne pas me sentir oppressée et garder la surprise en cas de réussite. Et puis, comme nous avons été un peu contraint d'en parler à notre chef par rapport à nos absences, je n'aimais pas l'idée que lui sache et pas mes proches. Également, je me suis rendu compte que j'avais besoin de leur soutien, surtout en cas d'échec. Alors, pendant le petit déjeuner, nous leur avons tout expliqué. Ils ont posé beaucoup de questions sur le procédé, les chances de réussite, la durée du traitement... Ils ont été super, nous ont encouragés et se sont montrés très optimistes. Bien plus que moi, même...
Le 20 mars 2019,
Ponction. Elle est prévue pour 8h45. On nous a donné RDV à 7h15. J'ai choisi une chambre seule. L'infirmière m'explique tout, me donne un calmant et de la morphine à avaler, puis elle prend ma tension et fait la prise de sang hormonale. Mon homme descend au labo et moi je me retrouve seule. Le brancardier vient à 9h05. C'est parti. La patiente précédente sort quand j'arrive. J'entends qu'on lui a ponctionné 12 ovocytes... J'en aurai pas autant je le sais. On prépare la salle, on m'installe. Je suis très détendue. Mon gynéco a mis de la musique : The Scientist de Coldplay. Il commence l'anesthésie locale, je respire. Je mets en pratique les exercices de relaxation/méditation que j'ai commencé à faire depuis le début du protocole. Je ne sens quasiment rien. Je regarde à l'écran mes follicules de gauche se faire aspirer. Hop, le tube est tendu à la biologiste qui se tient derrière le "passe-plat". Au bout de quelques secondes elle me donne le chiffre. Cinq. Puis, on passe à l'ovaire droit. Même manip. On me ponctionne en tout 7 ovocytes. La biologiste me rassure en me disant que c'est bien, qu'un ovocyte suffit pour avoir un embryon et un bébé. J'ai les larmes aux yeux, la ponction est terminée. La pression retombe. Ce n'est pas une ponction blanche. Je suis courageuse et j'y crois.
Retour dans la chambre auprès de mon homme. On est soulagés. Dans 48h on connaîtra le nombre d'embryons. Patience.
Le 22 mars 2019,
J'appelle le labo pour connaître le nombre d'ovocytes fécondés sur les 7. J'espère en avoir au moins 3. Et à ma grande surprise, les 7 sont fécondés et par FIV classique au lieu d'ICSI comme prévu. Bonne nouvelle, quel soulagement. Et là, le biologiste me pose une question à laquelle je ne me serais jamais attendue : "vous voulez un transfert à J3 ou à J5 ? Sachant qu'à J5 les blastocytes ont plus de chances de s'accrocher mais le risque est que les embryons n'atteignent pas le stade J5." C'est à moi de faire ce choix ?! Je crois rêver. Quel poids sur nos épaules, quelle pression. Avec mon homme on se met d'accord pour des J3. RDV donc samedi 23 mars 2019 à 10h00 pour l'ultime étape tant espérée de cette FIV 1. J'espère de tout mon cœur avoir pris la bonne décision.
Le 23 mars 2019,
10h15, je suis installée. Je suis assez détendue. Ce n'est pas mon gynéco qui me fera le transfert car on est samedi et qu'il n'est pas de garde. Celle qui est là est très gentille et réussit à me détendre. Elle demande à la biologiste de mettre de la musique. Et puis c'est parti. Bizarrement je ressens plus de douleur lors du transfert, à cause du passage sensible du col, que durant la ponction. Je souffle bien, mon homme me caresse les cheveux. C'est fait. Elle remet la sonde d'écho sur mon ventre et je les vois. Nos deux chouquettes dans leur liquide. Le petit point blanc, ce sont nos chouquettes. Je reste allongée 20 min et on repart. J'ai peur du moindre mouvement que je fais au début : tousser, éternuer, aller aux toilettes...
Il fait beau ce matin et j'ai en moi un espoir infini.
Le 1 avril 2019, On pose souvent la question du moment le pire de notre parcours FIV. Pour beaucoup, c'est la ponction. Pour moi c'est cette attente interminable post transfert. Je m'estime chanceuse d'avoir été jusqu'à cette étape déjà et d'avoir 3 embryons vitrifiés. Mais toujours est-il que le pire à endurer pour moi est le doute qui me hante depuis 9 jours. Plus je me rapproche du verdict, plus je me dis que je n'aurai pas la chance de voir ce fameux taux magique... J'aimerais juste être fixée. Savoir. Je n'ai quasiment aucun symptôme à part mal à la poitrine et quelques timides tiraillements dans le bas du ventre, la faute à Progestan probablement.
Le 1er avril, puis le 5 avril 2019 pour confirmation,
J'ai su que vous ne vous étiez pas accrochées mes chouquettes. Je l'avais senti à J3 post transfert. Cette sensation de vide et d'abandon. Je ne sais pas si c'est là que vous m'avez quittée. Mais j'ai senti. Le 1er avril, comme une ironie du sort, comme une mauvaise blague. J'ai vu le chiffre. Je me souviens avoir ouvert l'email devant le rayon poulet de Carrefour. Je suis restée sans réaction. Pour seuls mots : "je le savais". La culpabilité, l'incompréhension, le découragement. Puis, l'anéantissement et l'effondrement le 2 avril au réveil. J'ai sombré. La peur que ça ne marche jamais. Toutes ces questions qui sont revenues, toutes ces saloperies de doutes. Tous mes démons les plus coriaces ont refait surface et m'ont soufflée comme une plume au vent. Cette aventure est sans pitié. La vie également. Je la hais. Je la déteste de me faire ça, de m'abîmer encore une fois. Je ne sais pas si j'aurai la force d'y croire et de tout recommencer. Quelle injustice, quel gâchis.
Depuis la ponction le 20 mars, j'ai cumulé les arrêts de travail : 4 arrêts pour 15 jours en tout. Je suis à la ramasse. La fatigue, le stress, l'échec... Cette période est une épreuve pour moi. Je me sens faible, inutile, incapable. Ne pas trouver la force d'aller bosser me mine. Je me repose mais j'ai l'impression que rien n'y fait. Je suis à côté de la plaque, à bout de souffle. Je me suis perdue dans cette aventure et ça fait très mal.
Le 18 avril 2019,
Quand pour la plupart des couples il ne faut qu'un câlin, voici le chemin que nous avons dû parcourir nous : · Mois depuis arrêt pilule : 19 · Tests ovulation : 33 · Tests grossesse : 2 · Prises de sang : 12 · Rendez-vous médicaux : 13 · Séances acupuncture : 3 · Examens et écho : 6 · Injections : 14 · Comprimés, capsules, gélules : 158 · Jours d'arrêt : 15 · Ponctions : 1 · Transferts : 1 · Ovocytes : 7 · Embryons : 7 · Embryons transférés : 2 · Embryons perdus : 2 · Embryons vitrifiés : 3
Et tout ça pour rien jusqu'à présent.
Le 3 juin 2019, On a soufflé pendant ces semaines. J'en avais besoin. Mais nous voilà repartis depuis le 4 mai pour un nouveau protocole. Le TEC de la FIV1. Ce sera le seul TEC, car nous avons appris que l'un des 3 embryons n'avait pas supporté la vitrification. Je l'ai mal vécu. J'étais en colère car on ne nous a pas prévenus. Demain, les deux petites chouquettes qui nous restent seront transférées dans mon ventre. J'espère tant qu'elles tiendront la décongélation. J'aborde ce nouvel essai avec plus de sérénité et d'optimisme. La méditation et le yoga m'aident sans doute. On compte sur la vie, plus que tout.
Le 14 juin 2019, Une nouvelle gifle. En pleine face. Je suis amère. La vie m'en veut. Je baisse les bras et rends les armes.
Le 23 juillet 2019, Le temps passe et mes doutes l'accompagnent. C'est psychologiquement éprouvant. On ne peut se douter de ce dans quoi on se lance lorsque l'on commence. La peur que ça ne fonctionne jamais est étouffante, ravageuse. On enchaîne les rendez-vous psy, acupuncture, naturopathe et les examens. Je ne sais même pas si c'est la solution d'essayer de forcer le destin et la nature. Je ne m'y retrouve plus : arrêtez le café et les yaourts, faites moins de sport, détendez-vous, enlevez votre piercing au nombril, prenez 1 comprimé de ci et 3 gouttes de ça, vous pouvez aussi congeler vos ovocytes, vous êtes jeune ma patiente la plus âgée à être tombée enceinte avait 42 ans. Les avis contraires, les professionnels qui n'écoutent que d'une oreille, je n'en parle même pas. JE M'EN FOUS de ce que vous pensez, des autres femmes qui ont un bébé à 40 piges etc... Car je ne veux pas être cette femme-là ! Ma tête et mon corps en ont ras le bol. Que de frustrations, de déceptions et de confiance qui fout le camp...
Le 31 août 2019,
Le temps passe tellement et on le regarde faire, impuissants. Tout est si difficile, tout semble impossible. On en oublie qui l'on est parfois. On y laisse des plumes mois après mois, année après année. On y laisse des bribes de nous. La deuxième bataille est pour demain et j'aimerais tant en connaître le dénouement. Les pions ont été redistribués, la partie d'échec peut recommencer. Je suis prête. Je crois.
Le 19 septembre 2019,
FIV 2. Déclenchement. Je ne sais pas combien j'aurai de follicules ni d'ovocytes. Mais pas plus de 6 c'est certain. Le calme, la confiance et l'optimisme de cette deuxième épreuve sont toujours là. Quel bonheur ç'a été d'aborder les choses avec légèreté et force. Pour cette FIV 2, j'ai continué de voir ma naturopathe, j'ai fait une séance d'ostéo et une autre de shiatsu, puis j'ai poursuivi mes sessions de yoga et méditation. Huile d'onagre, maca et acide folique ont également fait partie de mon quotidien. Malgré tout, mon mental est assombri par un nuage de stress et de doutes qui avait jusque là laissé le soleil briller dans mon ciel bleu.
Le 21 septembre 2019,
Une date significative pour nous et encore plus aujourd'hui. La ponction a fait mal, j'ai même craqué en plein milieu car la peur de ne pas avoir assez de follicules m'a terrassée. Au final, 6 ovocytes dont 3 injectés en ICSI. On patiente jusqu'à lundi pour connaître le nombre d'embryons. Tout se joue ce week-end. En attendant, repos et amour. Beaucoup d'amour.
Le 24 septembre 2019,
Transfert des deux seuls embryons obtenus. "Bon voyage" mes deux chouquettes...
Le 27 septembre 2019,
J'ai envie de me rappeler de mon courage, de ma force et de ma détermination à y arriver. Dans les moments durs à venir, car sans doute y en aura-t-il, peu importe le résultat de cette tentative; les jours où je ne parviendrai pas à voir la vie en rose ou le soleil briller, je veux me rappeler de la rage de vivre dont j'ai fait preuve et de ma volonté de ne jamais abandonner. Je ne suis plus la même depuis que j'ai su. La nature me malmène, la vie me fout en colère. Et cette tempête m'a transformée à tout jamais. J'ai perdu des plumes, j'ai perdu un peu de mon feu intérieur. Mais cela m'a forcée à puiser dans mes ultimes réserves à m'en époumoner. J'ai baissé la tête et encaissé les coups, mais jamais, oh non jamais, je n'ai rendu les armes. Quand je jette un œil six mois en arrière, ou même trois mois, je vois à quel point j'ai grandi. J'étais au plus bas à ces périodes-là. J'ai eu très mal et j'ai subi. Beaucoup. Tout mon être a tremblé. Aujourd'hui, je me trouve à un palier de la montagne que je n'ai jamais pu atteindre de toute ma vie, car je ne m'étais jamais sentie capable d'y accéder. Je ne savais d'ailleurs même pas qu'il existait. J'ai beaucoup pleuré. J'ai beaucoup morflé. Mais j'y suis et pour de bon. Les bases sont solides. Je suis quelqu'un d'autre. Quelqu'un que j'aime mieux. Alors aujourd'hui je veux me rappeler, rappeler à ce futur moi, qui flanchera sûrement de nouveau tôt ou tard, que je suis fière. Je suis fière de moi. Ç'a été dur, c'est dur et ça le sera encore un peu. Mais je ne suis plus dans le noir, au palier 1 de la montagne. Je suis forte, courageuse, une putain de guerrière et personne, pas même moi, ne doit jamais me faire penser le contraire.
Le 29 septembre 2019,
Aujourd'hui, je n'y crois plus. Déjà depuis 2 jours ça va moins bien. Et ce matin en me réveillant j'ai été prise d'anxiété et j'ai eu le sentiment que c'était foutu. Je le sens comme les deux premières fois. Je me sens vide, je ne ressens plus de présence dans le ventre. Je me sens abandonnée. J'ai pas la force d'y croire suffisamment. Je ne vois pas comment un jour ce sera possible. J'ai beau lutter et me battre, je reviens systématiquement à la case départ où tout est noir et rien n'est possible. Mes démons sont plus forts que tout. Je ne veux plus recommencer.
Le 4 octobre 2019, Je reçois l'email contenant le résultat. Je tremble, j'ai peur. Si c'est négatif, je sais qu'il faudra tout recommencer, avec la peur encore et toujours de ne pas avoir d'ovocytes. J'ai les mêmes symptômes que pour la FIV 1, quelques nausées en plus. J'ouvre l'email. Mon cœur bat à tout rompre. Je me trompe de mot de passe. Je me calme et le retape. Je mets du temps à réaliser. 91 ui/l. Je pleure. Je cours chercher mon homme au RDC de notre boulot. Je lui répète cent fois "j'y crois pas, c'est bon!". Nous venons de franchir une étape qui était pour moi une utopie, un souhait bien trop ambitieux. Je reste très prudente car tout peut arriver. Mais j'y crois. Il le faut. Nous avons gagné une bataille. Je peux enfin caresser l'espoir que la guerre prenne fin et que j'en sorte triomphante. Je suis si fière de nous. Tout ce que je souhaite c'est que ce bonheur ne cesse pas soudainement et sauvagement.
Le 9 octobre 2019, La 3ème prise de sang de ce matin confirme que tu es bien accrochée petite chouquette, avec un taux à 545. Je dis "tu" car j'ai le sentiment qu'un seul embryon s'est accroché, mais on verra. J'espère me tromper. Prochaine étape le 21 octobre pour te rencontrer. J'ai confiance en nous. Je le sens bien. On va y arriver. Force et patience.
Le 22 juin 2020, On me dit de tendre les bras pour l'attraper. Mon homme répète "elle est belle, elle est magnifique !" Je la vois. Et là, je grave ce moment dans ma mémoire à tout jamais. C'est au-delà de tout ce que je me suis imaginé pendant 9 mois. C'est une claque phénoménale. C'est la vie qui te rappelle à quel point elle est belle. C'est les larmes d'un amour que tu n'as jamais, absolument jamais, ressenti. C'est plus beau que tout. C'est une rencontre comme jamais tu n'en as faite. C'est ton cœur de maman qui bat pour la première fois. C'est ta première bouffée d'oxygène à toi aussi. C'est ton homme comme tu ne l'as jamais vu. C'est des années de combat dont tu sors victorieuse. C'est le plus beau moment de toute ta folle de vie.
C'est la fin d'une belle aventure. Je n'aurais jamais cru dire ça il y a encore un an, mais oui elle a été belle cette aventure. Une belle leçon de la nature, une belle revanche de la vie, un sacré pouvoir de la science. Une page se tourne. Celle de la PMA. La première page tout du moins. Notre bataille s'achève sur la plus belle récompense. Si je devais la revivre, je le ferais sans hésiter. Exactement de la même manière. Cette course d'obstacles a été éprouvante, mais le bonheur qui nous attendait sur la ligne d'arrivée méritait que l'on s'essouffle et trébuche. C'est le début d'une nouvelle aventure. Le temps est passé si lentement durant 9 mois et pourtant si vite à la fois. Il y a 9 mois, si j'avais su... Si on m'avait dit que cette fois serait la bonne. Que tu allais non seulement t'accrocher mais aussi tenir de toutes tes forces. Si on m'avait dit que mes angoisses n'avaient pas lieu d'être : si on m'avait dit que oui j'allais bel et bien avoir un bébé, que ce serait une petite fille, que j'accoucherais par voie basse. L'aurais-je cru ? Et pourtant. Pourtant, tu es bien là. Et ça, je ne le prendrai jamais pour acquis.
Merci à Théa d'avoir accepté de partager avec nous son témoignage et quel bonheur de lire qu'elle est maman.
Vous n'êtes pas seul.e! Je vous souhaite de tout mon cœur que votre bébé miracle s'installe bientôt!
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